wiki alain michon - Parcours sonores - 12/05/2012

Parcours Sonores.

Parcours Sonores est animé par Alain Michon dans le cadre du Projet Educatif Local de la ville de Toulon et coordonné par le CAUE.

Un son : c'est un bruit que l'on écoute. Parcours sonores propose un éveil de l'écoute auprès de quatre écoles maternelles de la Ville de TOULON : Ecole maternelles St louis, Fleurs des Champs, œillets et école Malbousquet. Chaque école bénéficie des mêmes propositions adaptées aux particularités, aux fonctionnement et aux projets des enseignant(e)s. Notre approche est liée de près aux activités des professeurs d'écoles, nous inscrivons notre action parallèlement au déroulement du programme scolaire en y apportant un savoir faire complémentaire, une sorte de mise en onde de la réalité.

Invitation à l'écoute En encourageant chacun d'entre nous à réveiller sa conscience des sons, nous avons comme ambition d'apporter aux enfants des écoles maternelles comme aux professeurs d'écoles des pistes pour mieux écouter, mieux vivre leur propre environnement et entretenir un meilleur rapport avec leurs espaces mis en commun. Nous nous intéressons autant à l'objet sonore (la voix les objets concrets) qu'à l'espace dans lequel il est joué. Un hall d'entrée, un escalier, la cour, la classe, la salle de lecture, les toilettes : autant de couleurs sonores et d'acoustiques singulières qui seront mises au jour pendant nos séances d'écoute et de prise de son.

tableau réalisé par Valentin dans la classe de Mme Catherine Vannot professeur d'école à Fleurs des champs

Ce développement de l'écoute dans l'espace vivant permet à l'élève de prendre conscience des différents lieux qu'il occupe quotidiennement et auquel il ne prête guère d'attention. Cette attitude vis-à-vis du sonore est de nature à aider l'élève dans sa concentration et favorise son aptitude à l'écoute de l'autre dans un lieu collectif à partager.

Proposition Pédagogique Trois approches sont proposées et se déclinent suivant la réactivité des classes : une première est axée véritablement sur le matériau sonore, l'objet physique que l'on fait vibrer, une autre concerne l'aspect qualitatif du lieu dans lequel l'objet sonore est joué, la troisième plus subjective prend en compte la personnalité, l'histoire et la culture de l'élève. Ce qui réunifie les trois approches, c'est l'attention que l'on prête au phénomène du silence. Puis une partie plus socialisante où distribue les rôles de responsabilité (chef d'orchestre, preneur de son, assistant). Sans omettre de parler des séances d'écoutes critiques qui sont proposées à la fin de chaque atelier.

"les boites" réalisées pour "l'expo" dans la classe de Mme Catherine Vannot professeur d'école à Fleurs des champs

I/ L'objet sonore
Les bruits, la sonorité des objets et des voix dans l'école, leur contour, leur enveloppe leur forme,leur développement dans le temps. C'est une démarche plus analytique où les sonorités sont explorées par petits groupes et orchestrées par l'ensemble de la classe pour être enregistrées à la fin de chaque séance. Le principe étant d'analyser collectivement les séquences sonores produites la veille. Nous demandons aux élèves de donner leurs avis sur des notions qualitatives en nommant les sons. Par exemple des sons forts, violents, mou, loin, proche, lointain, doux agressif...On parle de la "distance" temporelle entre les sons ainsi que de leur attaque et de leur extinction; nous accordons une grande attention au rituel de la prise de son ("silence ...ça tourne!") et du silence qui doit précéder chaque action sonore.
Les objets sonores; là un prénom chuchoté dans la "BCD", là un phonème émis dans le hall d'entrée, là un frottement de mains dans un couloir très réverbéré : ces actes ordinaires prennent une dimension agrandie lorsqu'ils sont rediffusés sur les haut-parleurs. A ce moment c'est un deuxième niveau d'écoute qui est proposé, une écoute différée inscrit sur un support l'on peut à loisir réentendre et étudier avec les enfants. En écoutant sa voix, son jeux, l'élève atteint un relative autonomie de jugement. A l'aide du professeur il peut repenser son acte sonore dans un autre contexte et imaginer un nouvel agencement ou bien le raccorder au travail de classe (apprentissage de l'alphabet).

II/ L'espace

L'espace de l'école, un lieu vivant, un lieu où l'on porte et où l'on reçoit des messages. Tantôt émetteur tantôt récepteur l'enfant comme l'enseignant use plus ou moins consciemment de la résonance du lieu pour se faire entendre. On propose des enregistrements dans des lieux ou l'acoustique est très remarquable : toilettes, bibliothèque, couloir etc. Les exercices de perception des espaces les yeux bandés montrent très bien les capacités de l'enfant à reconnaître et à se reconnaître grâce à l'acoustique des lieux. La faculté à repérer le dedans du dehors, le résonnant du mat, le proche du lointain, le fort du faible est mis exergue dans cette approche. Ce sont des références acoustiques que l'on cherchera à nommer puis à développer afin que l'enfant prenne ses distances face aux sons policés et dépouillés d'aujourd'hui. Nous demandons aux élèves de situer les sons dans l'espace : dans quel lieu et à quel moment de la journée en se référent aux diverses actions quotidiennes de l'école qui peuvent apparaître dans l'enregistrement (sonnerie, cloches de l'église, bruit d'un photocopieur arrivée de la femme de ménage, bruit de chasse d'eau, bruit de portes, sonnerie de téléphone etc). Cette attention sur les bruits "parasites" ( les scorie du quotidien que l'on entend plus) fait appel à une prise de conscience objective de l'espace de l'école, de son fonctionnement ainsi que de son environnement extérieur.

III/ l'individu Ce qu'il amène avec lui, entre ce qui visible, audible et ce qui est ressentie. "Ce sujet" nous a surprit, je ne pensais pas l'aborder il s'est révélé lors de nos dernières séances à l'école des œillets. Après un séance difficile sans grand résultat, j'ai proposé sur le moment une situation où les enfants devaient organiser une interview. Une élève qui avait été jusqu'alors peu attentive à pris en charge l'interview d'une façon magistrale. En la réécoutant sur la bande ,je me suis aperçue qu'elle avait changé de ton de tonique dans la distribution de ses phonèmes, en fait elle avait repris les mots, l'accent et plus encore l'attitude corporelle de sa mère pour libérer sa parole et son intelligibilité. Ne rien conclure, seulement noter notre difficulté inhérente à l'histoire et à la culture de chacun pour écouter et apprécier l'autre.

IV/ l'orchestration En amont de chaque prise de son, "la direction d'orchestre" est confié à un élève. L'élève dirige alors un ensemble d'enfants, avec des gestes et le regard, il s'exerce à une direction intuitive et sensible, il gère les silence et leur durée à sa convenance. De même pour les hauteurs, l'intensité et les attaques de sons, on trouve avec lui un mode opératoire aussi simple que possible pour indiquer ses intentions à ses camarades. La valorisation et l'autonomie qui lui est offerte impose de fait une contrepartie de sa part : la respect de l'autre quand ce sera le tour de jouer ces mêmes rôles. On obtient alors dans la classe une qualité d'échange et d'écoute qui va en se renforçant au fur et à mesure des ateliers.

V/le silence

Le silence comme moyen premier de notre perception d'un lieu.
La durée du silence entre les actions sonores et le silence entretenu dans chaque lieu (bruit de fond) sont les critères de base pour organiser les matériaux sonores que nous collectons.
Le silence est fondateur pour écouter ce que l'autre souhaite nous transmettre et de plus il met la classe dans un degré commun d'écoute.

VI/ les séances d'écoute Dans notre projet d'initiation, l'écoute des séquences sonores participe autant de l'expérience vécues que de la prise de conscience sensible et intellectuelle, dans un constant aller retour entre faire et "observer" l'élève passe du d'un monde réel à un monde plus abstrait. Pour ce faire on essaie de placer les enfants dans des conditions d'écoute optimum en cherchant dans l'école l'endroit le plus propice. On place les enfants en demi-cercle autour de deux enceintes de hautes qualités pour que chacun d'entre eux bénéficie d'un qualité de reproduction la plus fidèle possible. Dans ces conditions d'écoute, on peut revisiter avec subtilité les lieux de prises de son, les objets que l'on a mis en jeu, la justesse du jeu par rapport à la demande initiale, la qualité des silence : enfin tous les points de base sur lesquels nou savons basé notre intervention. Les séquence sonores ont vocation à être écoutées plusieurs fois parce qu'elles appellent à un travail fin sur la perception des sons et également de la projection d'images mentales qui en découlent.