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page la petite compagnie de bruiteurs
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25/02/2016 - 23:43:28







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La petite compagnie des bruiteurs.



                                            
                                             s'exercer à l'écoute / IME Salernes 2008
    

Projet

L'expérience commence en Avril 2008 au studio de Chateauvallon avec un groupe d’enfants du Centre Social et Culturel CEDIS Toulon Centre pour le projet mémoires partagées.
Les enfants expérimentent des sonorités soit en utilisant la voix, soit en mettant en jeu des objets sonores (idiophones). Ces objets sont rudimentaires, il s’agit en les manipulant de faire ressurgir des sonorités puis de les composer en courtes séquences sonores. Pour être mis en jeu, ces objets impliquent que l’enfant se mette en mouvement, nous cherchons avec lui la justesse entre le son et le geste qui le provoque : si le geste est juste alors l’objet sonne !... La mise en jeu du corps pour faire vibrer un objet présente un intérêt qui dépassent l'unique terrain du sonore. Au fur et à mesure de l'avancement de l'expérience , nous distribuons sur le même plan d'égalité des intentions : sonores, spatiales et visuelles. Les enfants concentrés pour faire sonner au mieux leur objet oublient le "paraître" à l'image, ils sont en action tout simplement comme est en action un travailleur manuel devant un chantier à édifier ; des gestes utiles non en représentation : pas d'autre rôle à jouer que de faire sonner des objets dans un espace. Les instants qui échappent au contrôle de l'enfant (un regard, une posture un engagement physique inhabituel) nous intéresse et nous les mettons en exergue en réalisant des enregistrements audio et visuels. Ainsi, lors des séances d'écoutes critiques, les enfants prennent conscience de leur potentiel . Ces "possibles" mis au jour, créer de l'envie de la confiance et ouvrent des champs d'investigations plus accessibles que dans une approche musicale classique.

L'espace un lieu vivant que l'on écoute un va et vient entre le corps sonore et le corps en mouvement
  • Prise de son.
  • Prise de vue.
  • Composition dynamique des corps dans l'espace = chorégraphie.

Du mouvement pour le son :

Les enfants "acteurs sonores"


L'acte de mettre les objets en vibration entraîne un engagement du corps, une attitude, un mouvement original, une expression vivante.


Faire vibrer un avion de carton relié par un caoutchouc, provoque un mouvement à la mesure du son qui le produit

Approche d'une orchestration bruitiste

Programme : exercer son écoute : faire sonner des objets dans un espace.

  1. Instrumentarium brutaliste : Les objets sonores.. Apparemment contradictoire, l'association de ces deux termes fait apparaître le fondement de mon approche. Le terme brutaliste employé plutôt en architecture fait référence ici aux objets bruts (papiers, cartons, pierre, bois, cordes...) ou préparés (boule de Xi-kong, drapeaux, avion-ficelle, appeaux, boites...). Ici,les objets sont choisis pour leur sonorité. Instrumentarium fait référence ici à un répertoire d'objets bruts qui deviendront sonore parce que mis en branle, joués et organisés dans un ensemble vivant et ce, dans un contexte acoustique identifié avec lequel le joueur adapte voir transforme son mode de jeu. Ces objets ont un poids, une dimension, une dureté, une forme, une texture ; l'enfant pour les jouer doit s'adapter et s'engager physiquement .
  2. Faire sonner des objets dans un premier temps d’une façon anarchique et progressivement en affinant et sélectionnant des sonorités et des possibilités de jeu. Puis en proposant des déclinaisons suivant certains critères apparentés au domaine du musical (variation de l'attaque, de la hauteur, de l'intensité de la durée,du rythme) en soulignant une attention particulière sur l'importance du silence avant et après les actions sonores. Les mouvements ainsi générés provoquent des déplacements dans l'espace que l'on prendra en compte comme le ferait un chorégraphe. Ainsi on agit autant sur le plan musical que scénique, ce qui permet de démultiplier le potentiel des enfants : l'un sera plus impliqué dans l'énergie du mouvement tandis qu'un autre établira un jeu plus intimiste dans un lieu moins exposé. Plus tard lors de l'assemblage on se servira de ces différentes couleurs et variations pour composer une pièce sonore.
  3. Mémoriser le geste sonore en tenant compte du lieu : Nous visons à établir une relation entre le corps et l'objet à faire "sonner". De même que l'on affinera la sonorité de l'objet, parallèlement on agira sur la qualité du mouvement. L’enfant prend alors autant ses repères par le son que par le geste qui la fait vibrer. En se remémorant diverses situations de son corps dans l’espace et avec celui de ses partenaires, il mémorise ses actes sonores par le corps (comparaison possible avec la danse contemporaine).
  4. Inscription des événements sonores sur le papier. Après la mémoire du corps, on initie les enfants à une retranscription temporelle sur le papier ('partition') . La retranscription des sons est très libre à la mesure de l’imagination du bruiteur. Elle peut se faire par le dessin ou par le collage, par un procédé descriptif ou par un vocabulaire inventé. On demande que l’enfant ait un repère dans le temps pour pouvoir jouer et rejouer le même scénario ou séquence sonore.
  5. Echantillonnage: la mise en boucle des séquences. En référence à l'échantillonneur informatique et de la ritournelle : l'enfant doit être capable de jouer un module et de le répéter. Il pourra en varier les intensités, les silences, les hauteurs, la vitesse d'exécution etc. Ces changements d'intention sonore impliquent naturellement le geste de l'acteur et la maîtrise de son mouvement et de son rapport de distance avec système de captation (microphone et caméra).
  6. L'Orchestration : Chaque enfant ayant la maîtrise de sa séquence, les modules bruitistes deviennent musicaux en les organisant dans le temps et dans l'espace. Les modules peuvent être multipliés et déclinés suivant le tempèrament ou le physique des sonneurs. Sur la partition on aura également spatialisé avec une grande facilité les acteurs dans la mesure où ils instrumentalisent leurs objets par leurs propres mouvements dans l'espace.

L'enregistrement.
  • Le lieu en extérieur. la prise en compte des éléments environnementales : climatiques ( vent, pluie...), l'environnement sonore( voiture, train, avion, nuisances urbaines, engins et travaux), la résonance propre du lieu suivant la nature du terrain ( grotte, carrière, dunes de sable) ou la configuration architecturale (cour, terrain de jeu, hall semi ouvert, amphithéâtre en plein air...)
            Atelier à Chateauvallon : les enfants prennent chacun l'identité d'un oiseau
            

  • Le lieu en intérieur : son volume, la qualité acoustique de la construction (béton, bois, paille, brique...) sa réponse, les corrections que l'on peut y apporter (tenture, tapis mobilier,...)
            
            enfant du CEDIS Centre /Avril 2008 à l'école St Louis Toulon

  • Le système de captation : Résolument distancié du procédé d'enregistrement multi-pistes en studio, notre approche induit un autre rapport à l'espace. Un enregistrement multi-piste impose l'isolement en cabine des musiciens, une abstraction de l'espace physique et de son acoustique, une multitude de traitements exercés par un ingénieur du son, puis enfin un mixage, c'est à dire la reconstitution d'une image cohérente en redistribuant chaque individualité dans une espace artificiellement construit. Pour nous,l'approche est différente : nous tenons compte de la réalité acoustique de l'espace vivant que l'on a choisit.
Nous proposons un mode de jeu qui entre en résonance harmonique avec un lieu vivant
  • Le mixage est effectué en direct (rapport de proximité au microphone variant suivant l'éloignement ou le rapprochement du joueur).
  • Le jeu n'est pas morcelé mais réalisé d'un seul trait (comme le geste calligraphié).
  • L'impossibilité de rejouer partie par partie (comme c'est le cas d'un enregistrement multi-piste) contraint le groupe à scénariser en amont de l'enregistrement ses déplacements, ses mouvements, les intensités et la hiérarchie des interventions (du premier plan au plan lointain)
  • Ainsi, on entraîne les joueurs à une écoute collective et globale dans un espace et un temps à partager en visant l'unité du jeu plutôt que de faire émerger artificiellement des individualités. Il y a là un rapport étroit avec les principes d'écoute des danseurs contemporaine sur un plateau.

Les enfants conviés à fréquenter les Centres Sociaux viennent de cultures différentes, ils portent en eux une originalité que l'on voudrait valoriser plutôt que modeler. Au travers des manipulations d'objets sonores ou vocaux, on se rend compte des différences (attaque des mots, tonique des syllabes, mouvements, rythmicité, jeu de hanches, d'épaules, relation au sol...).Ce sont ces différences que nous valorisons dans le rapport aux objets.

Séance d'écoute critique:
Ce que l’on vient d’enregistrer. Des séances d’écoute critiques à la fin de chaque enregistrement permettent aux enfants de faire le point sur leurs prestation.